Schieven Regards V – Adeline Devos : « On ne voit bien qu’avec le cœur »
Adeline s’est initiée au 8e art au cours d’une trentaine d’ateliers organisés par Les Amis des Aveugles et Malvoyants (Mons) en collaboration avec le Musée de la Photographie. Lors de ceux-ci, elle a appris à apprivoiser les aspects techniques et théoriques de la photographie, développant sa propre stratégie pour s’épanouir dans la discipline. Adeline expose en 2021 au Musée de la Photographie dans le cadre de l’exposition collective Blind photo avec 3 autres photographes déficientes visuelles.
« Si j’étais une photo, je serais une plage de sable fin avec derrière une eau bleu où l’on voit les poissons au travers. Le ciel serait azur sans aucun nuage, la mer serait calme sans aucune vague. Au centre de cette photo, on pourrait y voir une bande de chevaux sauvages en train de galoper à toute vitesse la crinière au vent. Quelques uns sur le côté restent calme, d’autres s’apprêtent à rejoindre le groupe au galop.
Le son est essentiel lorsque je prends une photo, il me sert de repère. »
Adeline Devos, 29 ans, malvoyante de naissance, aveugle depuis l’âge de 17 ans.
On ne voit bien qu’avec le cœur
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Antoine de Saint-Exupéry, Le petit Prince
Nous vivons dans une société où la vue est souveraine et où l’image conditionne notre quotidien. Comment faire alors pour voir quand on est privé d’images ? Comment percevoir le monde quand on perd la vue ? Et surtout, comment photographier ce qu’on ne peut voir ?
A travers l’exposition de ses photographies, Adeline Devos, déficiente visuelle et passionnée de photos, prouve qu’une image n’est pas uniquement vue. Celle-ci est multisensorielle car elle peut être ressentie avec l’aide de tous les autres sens. Si le monde qu’elle perçoit est dépourvu d’images, il reste néanmoins fourmillant d’odeurs, de sons, d’objets à toucher, de souvenirs et d’un tas de choses qui viennent recomposer ses images mentales et évoquer une imagination sensorielle qui échappent aux codes esthétiques.
Laissez-vous guider par l’univers d’Adeline et sa vision qui transcende les préjugés.
Article « Aveugle, Adeline Devos éclaire Bruxelles de son regard photographique » par Julien Rensonnet sur lavenir.net
Impossible de rester sourd à l’émotion surgie des photos d’Adeline Devos. Fresques, statues, passages… : la photographe non-voyante expose une série de prises capturées au centre de Bruxelles. On y contemple la ville comme elle la voit. Et c’est extrêmement touchant.
Julien Rensonnet sur lavenir.net